Ganvié, entre ciel et eau: carnet d’une traversée suspendue!

Il est des lieux qu’on ne visite pas. On les traverse, on s’y perd un peu, on y flotte.

Ganvié, c’est ça. Une ville sans trottoirs, sans klaxons, sans feux rouges. 

Ici, ce sont les reflets du ciel qui dictent le tempo. Les enfants vont à l’école en pirogue, les mamans vendent leur poisson sur l’eau, et le vent décide du reste.

Posée comme une bulle entre ciel et lac, cette cité lacustre béninoise est à la fois un chef-d’œuvre d’adaptation humaine et un fragile joyau flottant.

L’eau comme unique repère

Tout commence à Abomey-Calavi. 

On grimpe dans une pirogue moteur, et très vite, le bitume laisse place à l’infini.

Le vacarme s’efface peu à peu. Et là, l’eau t’engloutit. Pas au sens propre, mais presque. 

Le lac Nokoué s’étend à perte de vue, parfois calme comme un miroir, parfois agité par le vent ou les marées. Pendant vingt minutes, tu avances. Et soudain, Ganvié apparaît.

Des centaines de maisons sur pilotis, des pirogues qui se croisent dans un ballet silencieux, des enfants qui rament comme s’ils étaient nés avec une pagaie dans les mains. Tu ne touches plus terre. Littéralement…

La vie sur l’eau, sans filtre

Le premier réflexe, c’est l’émerveillement. 

À Ganvié, pas de voitures. Pas de vélos. Juste des pirogues. Certaines sont étroites, fendues, rafistolées. D’autres sont larges, décorées, parfois équipées d’un moteur pétaradant.

On y transporte tout : des bidons d’eau, des sacs de charbon, des enfants qui rentrent de l’école, des bassines pleines de tilapia fraîchement pêchés. On y vit, on y dort, on y prie.

Les gens ici ont l’eau dans la peau. Tout s’y fait : cuisiner, laver, prier, aimer, survivre.
On croise une pirogue d’adolescents qui chantent à tue-tête. Un gamin de six ans rame tout seul comme un pro. 

C’est beau, c’est doux, c’est fou. Et puis, peu à peu, on remarque les détails. 

L’eau du lac est polluée. Les déchets plastiques flottent, les latrines sont parfois rudimentaires, l’accès à l’eau potable reste un défi. 

Mais malgré ça, la dignité est partout

Dans le regard des femmes qui vendent leur poisson. 

Dans les chants que les pêcheurs murmurent en ramant.

Dans les gestes sûrs des gamins qui manient la pagaie mieux qu’un adulte citadin ne tiendrait un guidon.

Une ville née d’un refus

Ce n’est pas juste joli. C’est fort. Car Ganvié n’est pas une invention touristique. C’est une ville-refuge, née au XVIIe siècle d’un acte de résistance.

Les ancêtres des Tofinu ont fui l’esclavage en se réfugiant ici, loin des chasseurs d’hommes. 

À l’époque, les royaumes voisins capturaient les leurs pour les vendre aux colons portugais. Les Tofinu, eux, ont fui vers le lac, sachant que les chasseurs d’esclaves n’oseraient pas les suivre sur ces eaux sacrées. 

Là, ils bâtissent sur l’eau. Planche après planche. Case après case. Ganvié est née d’un instinct de survie devenu liberté.

Son nom signifie d’ailleurs “Nous sommes sauvés” ou “liberté trouvée au bord de l’eau”.

Une spiritualité flottante

L’eau ici est vivante. On te le dira vite : elle est esprit, elle est mémoire, elle est protectrice.

Les ancêtres vivent dans le lac. Le vaudou n’est jamais loin. Il y a des divinités, ses tabous, des jours sacrés. On ne pêche pas n’importe comment. On ne parle pas fort au mauvais moment. 

Les habitants de la ville pratiquent de nombreux rituels et cérémonies, souvent liés à la pêche, à la spiritualité et à leur relation avec le lac. 

Lors de ta visite, tu pourrais être témoin d’une cérémonie traditionnelle, un moment intime et vibrant de la culture Tofinu.

Entre carte postale et urgence silencieuse

Il serait facile de ne retenir que la beauté de Ganvié. Les photos sont sublimes. La lumière, incroyable. Mais ce serait manquer l’essentiel.

Ganvié est aussi une ville en lutte. Contre la pollution. Contre la précarité. 

Certains habitants dénoncent le manque d’infrastructures : les écoles manquent de ressources, les soins de santé sont précaires, et le tourisme profite peu à la population locale. 

Ganvié, c’est aussi une jeunesse qui refuse le fatalisme.

D’autres montent des initiatives : écotourisme, reboisement des berges, collecte de déchets en pirogue… La jeunesse de Ganvié bouge. Et elle refuse de baisser les bras…

Pourquoi visiter Ganvié ?

Ganvié n’est pas seulement un village du Bénin. C’est un témoignage vivant de l’ingéniosité humaine, un havre de paix flottant, et un lieu magique où la nature et l’homme se retrouvent en parfaite harmonie.

Si tu cherches une expérience hors des sentiers battus, un endroit où la tranquillité et la culture se mêlent, Ganvié est la destination idéale.

En explorant la ville, tu vivras un moment hors du temps, où la modernité et la tradition se rencontrent, et tu repartiras avec des souvenirs inoubliables. 

Ganvié, c’est bien plus qu’une simple visite. C’est une aventure à vivre, à sentir et à partager.

Alors, prêt à embarquer pour une expérience unique au cœur de la Venise de l’Afrique

Leave a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs requis sont marqués *